Dans une étude publiée au début du mois dans la revue Biological Psychiatry, les chercheurs mettent en lumière un aspect fascinant de la gestion de la douleur : la méditation de pleine conscience active des mécanismes neuronaux distincts de ceux de l’effet placebo.
Contrairement à une croyance répandue, la réduction de la douleur grâce à la pleine conscience ne serait pas une simple réponse placebo.
On détaille ces résultats dans cet article. 🙂
Méditation de pleine conscience verus effet placebo
La douleur est une expérience complexe qui va au-delà de la simple sensation physique.
Divers facteurs, dont les attentes de la personne, influencent son intensité. L’effet placebo, où les symptômes s’améliorent suite à un traitement inactif, en est un parfait exemple.
Et d’après les résultats de cette étude, la pleine conscience n’agit sur la douleur pas via ce mécanisme. Les travaux démontrent que, grâce à l’imagerie cérébrale, la pleine conscience agit en mobilisant des voies neuronales distinctes de celles de l’effet placebo.
L’étude, menée par Fadel Zeidan, professeur d’anesthésiologie et titulaire de la chaire de recherche sur l’empathie et la compassion à l’Institut de recherche de San Diego, a comparé les effets de la méditation de pleine conscience, d’une crème placebo et d’une méditation factice sur des participants.
L’étude a impliqué 115 participants, répartis aléatoirement en quatre groupes :
- un groupe a suivi une séance de méditation guidée
- un groupe a suivi une méditation factice axée uniquement sur la respiration profonde
- le troisième groupe a appliqué une crème placebo
- le dernier groupe a simplement écouté un livre audio
Pour créer la douleur, une stimulation thermique douloureuse, mais inoffensive, a été appliquée à l’arrière de la jambe des participants, et leur cerveau a été scanné avant et après les interventions.
Une analyse approfondie du cerveau et des résultats concluants
Pour analyser les schémas d’activité cérébrale, les chercheurs ont utilisé une technique innovante appelée “multivariate pattern analysis” (MVPA), une approche de machine learning permettant de distinguer les mécanismes neuronaux complexes associés à l’expérience de la douleur, y compris ceux liés à la stimulation thermique et aux réponses émotionnelles négatives.
Grâce à cette méthode, ils ont pu déterminer si la méditation de pleine conscience et le placebo engageaient des processus cérébraux similaires ou distincts.
Résultats : les chercheurs ont constaté que la méditation de pleine conscience réduisait considérablement l’intensité et l’aspect désagréable de la douleur, tout en diminuant les schémas d’activité cérébrale associés aux émotions négatives.
En revanche, la crème placebo n’a eu d’effet que sur les schémas d’activité cérébrale spécifiques à l’effet placebo, sans modifier véritablement l’expérience de la douleur des participants.
“L’esprit humain est extrêmement puissant, et nous continuons à explorer comment nous pouvons le mobiliser pour gérer la douleur,” a déclaré Fadel Zeidan.
“En dissociant la douleur du soi et en éliminant le jugement évaluatif, la méditation de pleine conscience modifie directement notre expérience de la douleur, sans recourir à des médicaments et sans frais, et peut être pratiquée partout.”
Des conclusions prometteuses pour la gestion de la douleur
Les résultats ont révélé que la méditation de pleine conscience réduit plus efficacement la douleur que la crème placebo ou la méditation factice, en désynchronisant les zones du cerveau impliquées dans l’introspection, la conscience de soi et la régulation des émotions.
En revanche, la crème placebo et la méditation factice n’ont montré aucun changement significatif dans les schémas cérébraux associés à la douleur.
Ces autres interventions activaient des mécanismes cérébraux distincts, avec peu de recoupement avec ceux mobilisés par la méditation de pleine conscience.
“Il a longtemps été supposé que l’effet placebo chevauchait les mécanismes cérébraux déclenchés par les traitements actifs, mais nos résultats suggèrent que ce n’est pas le cas pour la douleur,” a expliqué Fadel Zeidan.
“Ces deux réponses cérébrales sont complètement distinctes, ce qui soutient l’utilisation de la pleine conscience comme intervention directe pour la douleur chronique, plutôt qu’un simple moyen d’activer l’effet placebo.”
Sophie est rédactrice spécialisée dans les thématiques de médecines douces sur le site visa-forme.fr. Elle s’intéresse particulièrement à l’Ayurvéda et étudie notamment son développement dans les sociétés occidentales.