Les relations sociales sont très importantes pour l’équilibre de notre santé mentale. Et lorsque nous conversons avec une autre personne, notre “langage corporel” veut dire beaucoup. Et en particulier un détail : notre sourire.
Une nouvelle étude met en effet en lumière l’importance du sourire dans les conversations en face-à-face et son rôle dans le renforcement des liens sociaux. Si l’on savait que sourire facilitait les interactions, cette compréhension demeurait jusqu’à présent principalement subjective.
Cette étude, publiée dans Frontiers in Behavioral Neuroscience le 9 août 2024, propose des preuves concrètes de l’influence réciproque des sourires lors des discussions.
Menée par le professeur Yohei Otaka de l’Université de santé Fujita, elle démontre que les individus sourient davantage lorsque leur interlocuteur sourit, en particulier dans les interactions entre personnes du même sexe biologique.
Sourire pendant une conversation a un impact profond sur l’interaction, créant une atmosphère chaleureuse et conviviale.
Lorsque nous rencontrons une personne pour la première fois, un sourire peut apaiser la nervosité. Dans des contextes plus tendus, comme un débat, un sourire peut atténuer la tension et manifester du respect malgré les désaccords.
Pourtant, avant cette étude, on savait peu de choses sur l’effet direct d’un sourire sur celui de l’interlocuteur. L’étude de l’équipe du Prof. Otaka a permis de quantifier cette influence en mesurant la fréquence et l’intensité des sourires dans des conversations en face-à-face.
Une étude pour mieux comprendre la dynamique du sourire
L’étude, réalisée auprès de 40 participants (20 hommes et 20 femmes), a consisté à observer des interactions de trois minutes durant lesquelles les interlocuteurs étaient invités à sourire à différents niveaux d’intensité (faible, modérée et élevée).
Grâce à un logiciel spécialisé, les chercheurs ont pu mesurer l’intensité et la fréquence des sourires des participants, et ainsi analyser les réactions des intervenants.
Les résultats montrent que plus un auditeur sourit, plus le locuteur sourit en retour.
Ce phénomène a été particulièrement marqué dans les conversations entre personnes du même sexe : les hommes souriaient davantage lorsqu’ils parlaient à d’autres hommes qui souriaient, et les femmes avaient une réaction similaire avec d’autres femmes.
Le Prof. Otaka explique que cette étude représente une première étape dans le développement d’une méthodologie pour évaluer certains symptômes de la démence, une maladie qui entraîne souvent une perte d’expression faciale chez les patients : “cette étude vise à évaluer les réactions des jeunes participants en bonne santé face au sourire d’autrui”, précise-t-il.
Le sourire, un outil clé dans la construction des relations
L’une des découvertes les plus intéressantes de cette étude est que le sourire, en plus d’être contagieux, influence la perception que nous avons de nos interactions.
Les participants ont déclaré se sentir plus amicaux et avoir plus apprécié la conversation lorsque leur interlocuteur souriait fréquemment.
Ce résultat met en évidence l’importance émotionnelle du sourire : il favorise les sentiments de connexion et renforce les liens interpersonnels.
Le Prof. Otaka ajoute : “si une personne sourit plus pendant une conversation, l’autre personne sourira également davantage, ce qui peut améliorer la relation interpersonnelle.”
Le sourire influence non seulement les émotions et les perceptions des locuteurs, mais il contribue également à créer des liens sociaux plus forts, en particulier dans les conversations entre personnes du même sexe.
De plus, ces résultats soulignent l’importance de la communication non verbale et des expressions faciales dans les interactions quotidiennes.
Enfin, ces travaux pourraient non seulement améliorer notre compréhension des interactions sociales, mais aussi contribuer à l’évaluation et au traitement des troubles cognitifs comme la démence, où les expressions faciales jouent un rôle crucial dans la communication.
Sophie est rédactrice spécialisée dans les thématiques de médecines douces sur le site visa-forme.fr. Elle s’intéresse particulièrement à l’Ayurvéda et étudie notamment son développement dans les sociétés occidentales.