Les hormones, notamment l’œstrogène, jouent un rôle crucial dans divers comportements, y compris la consommation d’alcool chez les femmes, révèle une étude préclinique menée par des scientifiques de la Weill Cornell Medicine.
Cette recherche, publiée le 30 décembre dans la revue Nature Communications, approfondit notre compréhension des dynamiques hormonales influençant le « binge drinking » ou consommation excessive et rapide d’alcool chez les femmes, mettant en lumière des différences significatives liées au sexe dans ce comportement.
Impact de l’œstrogène sur la consommation d’alcool
L’étude de 2021 dirigée par le Dr Kristen Pleil, professeure associée de pharmacologie, a découvert que certaines cellules neuronales du noyau stria terminal (BNST) étaient plus actives chez les souris femelles que chez les mâles, ce qui était associé à leur comportement de consommation excessive d’alcool.
Mais comment l’œstrogène influence-t-il spécifiquement cette activité neuronale chez les femelles?
Le Dr Pleil explique que l’œstrogène, connu pour ses effets puissants sur de nombreux comportements, modifie aussi la consommation d’alcool. Les chercheurs ont observé que les femelles souris consommaient beaucoup plus d’alcool lorsqu’elles avaient un taux élevé d’œstrogène circulant, comparativement aux périodes où ce taux était faible.
Cette augmentation de la consommation se manifeste par une activité accrue des mêmes neurones dans le BNST. « Dès que la femelle prend sa première gorgée, ces neurones s’activent intensément et, en état de haute teneur en œstrogène, cette réaction est encore plus marquée« , précise le Dr Pleil.
Ce pic d’activité neuronale conduit à une consommation plus importante, surtout dans les trente premières minutes suivant la disponibilité de l’alcool, un phénomène décrit comme « front-loading » ou précharge par les chercheurs.
Des récepteurs à la surface des cellules permettent une action rapide de l’œstrogène
Alors que les effets de l’œstrogène sur le comportement sont généralement médiés par des récepteurs qui influencent l’activité génique dans le noyau des cellules, ce qui peut prendre des heures, l’équipe a découvert un mécanisme plus immédiat.
L’œstrogène, injecté directement dans le BNST, active les neurones et provoque une consommation excessive en quelques minutes en se liant à des récepteurs situés à la surface des neurones, modulant ainsi directement la communication entre les cellules.
Ce mécanisme rapide d’action de l’œstrogène a été confirmé comme étant une première dans le cycle œstral normal. « Nous pensons que c’est la première fois qu’on démontre que l’œstrogène endogène produit par les ovaires peut utiliser un tel mécanisme rapide pour contrôler le comportement« , souligne le Dr Pleil.
Cette découverte ouvre également la voie à de nouvelles approches pour le traitement des troubles liés à la consommation d’alcool, notamment en inhibant les enzymes qui synthétisent les œstrogènes, offrant une méthode ciblée pour réduire la consommation d’alcool lors des pics hormonaux.
Cette étude, non seulement met en lumière les dynamiques complexes du binge drinking chez les femmes, mais propose également de nouvelles pistes pour la compréhension et le traitement des désordres liés à l’alcool, soulignant l’importance de considérer les différences de sexe dans la recherche médicale.
Sophie est rédactrice spécialisée dans les thématiques de médecines douces sur le site visa-forme.fr. Elle s’intéresse particulièrement à l’Ayurvéda et étudie notamment son développement dans les sociétés occidentales.